La règle des 3P est la prudence, la prudence et la prudence. En graphologie, qui est une science humaine, la prudence est de mise, car le nombre de cas où le graphologue peut se tromper par négligence ou en voulant aller trop vite est fréquent. Plusieurs facteurs peuvent altérer une écriture, tels que l’âge, la maladie physique ou mentale, un accident physique qui gêne le geste graphique, des traumatismes de vie, une fatigue occasionnelle, la prise de substances telles que l’alcool ou la drogue, et parfois même une volonté de tromper. Il est également difficile d’analyser l’écriture des grandes personnalités, car elles sont complexes et sortent souvent de la norme. Par exemple, Beethoven avait une écriture dysharmonieuse, mais qui brillait par son rythme et sa personnalité.
Si une personne est complètement inhibée et bridée par son éducation ou une autre raison, les traits de sa personnalité n’apparaîtront pas dans son écriture. Dans ce cas, le graphologue peut seulement parler de ce qu’il voit, mais ne peut pas supposer l’absence de ce qu’il ne voit pas. Parfois, le brouillon est plus délié et plus libre et permet de relever le portrait.
Il est impossible de voir le sexe, l’âge ou le niveau d’études d’une personne dans son écriture. Sans ces informations, il est difficile d’être complet dans l’analyse. Par exemple, une femme de 45 ans ayant une écriture d’adolescente montre une certaine immaturité, mais cela ne peut être conclu sans connaître son âge. De même, une personne de 85 ans ayant une écriture très vive doit voir cette vivacité mise en avant.
Si on ne sait pas si l’auteur d’une écriture est un homme ou une femme, on ne peut pas en déduire sa sensibilité, son approche de la psychologie féminine ou encore une éventuelle ambivalence sexuelle.
Le graphologue peut également être trompé par les éléments qu’il reçoit, et dans ce cas, il doit faire part de son étonnement. Par exemple, si un ouvrier postulant demande à son amoureuse d’écrire sa candidature à sa place, cela peut tromper le graphologue.
Il est impossible d’être exhaustif par rapport aux cas qui peuvent se présenter et induire le graphologue en erreur. Une petite histoire revient à l’esprit, racontée par un professeur de graphologie : lorsqu’un client lui reprocha d’être trop positif dans ses portraits, il lui demanda de prendre une lettre et de lui dire ce qu’il voyait comme défaut. Le professeur a commencé à analyser le portrait en se concentrant sur les parties négatives. Le lendemain matin, le client téléphona au professeur pour lui dire qu’il avait passé une mauvaise nuit, car il avait piégé le professeur en lui donnant sa propre écriture. Ce qui le perturbait le plus, c’était que 80 % de ce que le professeur avait dit était exact. Reste à voir si les 20 % restants, le client était capable d’accepter le sombre portrait de lui-même